A peine arrivés, nous fûmes accueillis par un indescriptible orage. En quelques instants sournois, le ciel s’était laissé envahir par de menaçants nuages et, déjà, le tonnerre martelait l’espace de ses grondements terrifiants.
Pluies et grêles se mêlèrent bientôt et transformèrent les carapaces de lauze des maisons en de gigantesques xylophones. De grosses gouttes, obèses, éclataient au contact de la balustrade du balcon et répandaient leur sang adipeux et transparent sur les vitres. Sous la pression de l’orage, la terre peinait presque à exhaler cette douce odeur d’humus propre à ces orages soudain.
Les rues du village, encore animées il y a peu, s’étaient vidées et il me semblait contempler le village fantôme d’un vieux film en noir et blanc. Seul un fou claudiquant tentait vainement de presser le pas sous ma fenêtre. Face à moi, le château découpait sa silhouette massive au travers des déferlantes de pluie tourbillonnantes. Régulièrement, un éclair illuminait le ciel d’une teinte bleutée et électrique. Je tentais de distinguer entre les créneaux de la grande tour un fantôme égaré ou un quelconque comte Dracula sorti pour l’occasion de son sommeil éternel.
Demain il fera beau.