Une grève des contrôleurs aériens dans un lointain pays me cloua sur le tarmac du petit aéroport de Chitose. Quelques heures imprévues en terre japonaise.
J’avais noté, il y a bien longtemps, dans mon vieux carnet Moleskine de visiter le jardin japonais bordant les rives du lac de Shikotsu. Il se trouvait à peine à une demi-heure de taxi de l’aéroport. L’escale rêvée. Un bon de sortie inattendu pour pénétrer dans le monde de Gao Xingjian.
Le jardin était bien plus grand que dans mon imagination. Un petit paradis au milieu des collines verdoyantes.
Des bassins où se prélassaient des carpes multicolores. Des nénuphars cherchant l’ombre de pins divinement sculptés. Quelques vieux ponts de bois arqueboutés au-dessus des eaux paisibles.
Et aucun signe de présence humaine si ce n’est celle des râteaux dans les parterres de graviers et quelques apparitions furtives.
Au fond du jardin, l’insoupçonné, un pavillon où l’étranger se voit offrir deux tasses de thé. La première pour la bouche et le corps. La seconde pour effacer la solitude.